Hausse des tarifs bancaires : 13 millions de clients impactés par deux géants français

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Les frais bancaires grimpent encore.

Deux poids lourds du secteur, BNP Paribas et le CIC, viennent d’annoncer une nouvelle salve d’augmentations pour 2025.

Au total, ce sont plus de 13 millions de Français qui verront leur porte-monnaie affecté.

Ces hausses s’inscrivent dans un mouvement général observé depuis le début de l’année, où les tarifs bancaires ont déjà bondi de 2 à 3% en moyenne.

BNP Paribas : 8 millions de clients concernés

La plus grande banque française ne fait pas dans la dentelle. Voici le détail des augmentations prévues :

  • Cartes bancaires :
    • Visa Infinite : 347€ (+2,97%)
    • Visa Premier : 144€ (+2,86%)
    • Visa Classic : 49,50€ (+3,12%)
    • Visa Electron : 43,50€ (+3,57%)
  • Virements au guichet : 4€ par opération (+14,29%)
  • Offres groupées :
    • Esprit Libre Référence : 88,68€ par an (+1,65%)
    • Esprit Libre Initiative (18-25 ans) : 38,40€ par an (+1,91%)

Ces augmentations, bien que modérées pour certains services, s’accumulent et pèseront sur le budget des clients. La hausse la plus marquante concerne les virements effectués en agence, avec une augmentation de plus de 14%.

CIC : 5,6 millions de clients touchés

Le Crédit Industriel et Commercial n’est pas en reste. Voici les principaux changements tarifaires annoncés :

  • Frais de tenue de compte : 2,20€ par mois (+4,76%)
  • Forfait d’alertes SMS : 1,70€ mensuel (+6,25%)
  • Chèque de banque : 15€ (+7,14%)
  • Cartes bancaires :
    • Visa Infinite : 340€
    • Visa Premier et Gold Mastercard : 137€ (+0,73%)
    • Visa Classic et Mastercard standard : 47€ (+2,17%)
  • Offre groupée : Contrat Personnel Global à 13,35€ mensuels (+6,37%)

Chez le CIC, les augmentations touchent un large éventail de services. Les frais de tenue de compte et le forfait d’alertes SMS subissent des hausses significatives, tout comme le coût des chèques de banque.

La Banque Postale : 11 millions de clients concernés

Bien que non mentionnée initialement, a noter que La Banque Postale a annoncé des hausses tarifaires pour 2025, touchant ses 11 millions de clients. Voici un aperçu des changements prévus :

  • Frais de découvert : +10%
  • Virements occasionnels en agence : +10%
  • Frais de compte standard : +11,76%
  • Frais postaux : Le coût du retour d’un courrier NPAI passe de 7,50€ à 20€ (+166,67%)
  • Cartes bancaires :
    • Carte Visa : 33,30€ par an (+5,71%)
    • Visa Platinum : +3,65%
    • Visa Infinite : +0,73%

Ces augmentations sont justifiées par La Banque Postale par l’inflation, la baisse des volumes d’activité et la nécessité de maintenir un service de qualité. La diminution du bénéfice net de la banque en 2023 est avancée comme facteur explicatif.

Une initiative positive : la gratuité des retraits

Au milieu de ces hausses, une bonne nouvelle émerge. BNP Paribas, CIC, Société Générale et Crédit Mutuel ont lancé un réseau mutualisé de distributeurs automatiques appelé Cash Services. Cette initiative permettra aux clients de ces banques de bénéficier de la gratuité des retraits d’espèces dans environ 7 000 points de retrait à travers la France.

Cette mutualisation des moyens est une réponse à la baisse de l’utilisation du cash et à la nécessité de maintenir un réseau de distributeurs tout en réduisant les coûts pour les banques. Pour les clients, c’est l’assurance de pouvoir retirer de l’argent gratuitement dans un plus grand nombre de points, même si leur banque ne dispose pas d’un distributeur à proximité.

Comprendre les raisons de ces hausses

Plusieurs facteurs expliquent cette tendance à la hausse des tarifs bancaires :

  1. L’inflation : Les banques, comme toutes les entreprises, font face à l’augmentation générale des prix et répercutent une partie de ces coûts sur leurs clients.
  2. La baisse des revenus d’intérêts : Avec des taux d’intérêt qui sont restés bas pendant longtemps, les banques ont cherché à compenser par d’autres sources de revenus.
  3. Les investissements technologiques : La digitalisation des services bancaires nécessite des investissements conséquents que les banques cherchent à rentabiliser.
  4. La réglementation : Les exigences réglementaires accrues depuis la crise financière de 2008 ont engendré des coûts supplémentaires pour les banques.
  5. La concurrence des néobanques : Paradoxalement, la pression des banques en ligne pousse les banques traditionnelles à investir davantage dans leurs services numériques, ce qui peut se traduire par des hausses de tarifs.

L’impact sur les consommateurs

Ces augmentations, bien que parfois minimes individuellement, s’accumulent et peuvent avoir un impact significatif sur le budget des ménages. Pour un client utilisant régulièrement les services bancaires, la facture annuelle pourrait augmenter de plusieurs dizaines d’euros.

Les plus touchés seront probablement :

  • Les clients effectuant fréquemment des opérations en agence
  • Les détenteurs de cartes haut de gamme
  • Les utilisateurs de chèques de banque
  • Les clients ayant souscrit à des offres groupées

Il est pertinent de rappeler que ces hausses interviennent dans un contexte économique déjà tendu pour de nombreux ménages, confrontés à l’inflation dans d’autres domaines comme l’alimentation ou l’énergie.

Que peuvent faire les clients face à ces hausses ?

Face à ces augmentations, les clients ne sont pas totalement démunis. Voici quelques conseils pour limiter l’impact de ces hausses :

  1. Comparer les offres : Il est plus que jamais crucial de comparer les tarifs entre les différentes banques. Les comparateurs en ligne peuvent être d’une grande aide.
  2. Négocier avec sa banque : N’hésitez pas à contacter votre conseiller pour discuter de votre situation. Certaines banques peuvent accorder des réductions ou des avantages à leurs clients fidèles.
  3. Optimiser son utilisation des services bancaires : Privilégiez les opérations en ligne plutôt qu’en agence, vérifiez si vous utilisez réellement tous les services inclus dans votre offre groupée.
  4. Envisager un changement de banque : Si les négociations n’aboutissent pas, il peut être judicieux de changer d’établissement. La procédure de mobilité bancaire a été simplifiée ces dernières années.
  5. Considérer les néobanques : Les banques en ligne proposent souvent des tarifs plus avantageux, notamment sur les opérations courantes.
  6. Rester informé : Surveillez régulièrement l’évolution des tarifs de votre banque et du marché en général.

L’avenir des tarifs bancaires

La tendance à la hausse des tarifs bancaires ne semble pas prête de s’inverser. Les banques font face à de nombreux défis : la digitalisation croissante, la concurrence des fintech, les exigences réglementaires, et la nécessité de maintenir leur rentabilité dans un environnement économique incertain.

Cependant, la pression concurrentielle, notamment des banques en ligne et des néobanques, pourrait limiter l’ampleur de ces hausses à l’avenir. Les banques traditionnelles devront trouver un équilibre entre l’augmentation de leurs revenus et le risque de voir leurs clients se tourner vers des alternatives moins coûteuses.

Dans ce contexte, il est probable que nous assistions à une segmentation accrue des offres bancaires, avec des services premium plus onéreux et des offres basiques à tarifs contenus. Les clients devront être de plus en plus vigilants et proactifs dans la gestion de leur relation bancaire pour optimiser leurs frais.

L’éducation financière jouera un rôle crucial dans les années à venir. Les consommateurs mieux informés seront plus à même de faire des choix éclairés et de négocier efficacement avec leur banque. Les associations de consommateurs et les pouvoirs publics auront un rôle important à jouer pour garantir la transparence et l’équité des pratiques tarifaires dans le secteur bancaire.

Enfin, l’évolution technologique pourrait aussi apporter des solutions innovantes pour réduire les coûts bancaires. L’automatisation croissante, l’intelligence artificielle et la blockchain pourraient, à terme, permettre de réduire certains frais. Reste à voir si ces économies seront répercutées sur les clients ou si elles serviront principalement à améliorer la rentabilité des banques.

Dans ce paysage bancaire en mutation, la vigilance et l’adaptabilité des consommateurs seront les meilleures armes pour maîtriser leurs frais bancaires dans les années à venir.

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